Deux livres de Salim Jay
Le 7 mars prochain, les éditions de La Différence publieront le nouveau roman de Salim Jay, "Victoire partagée".
A cette occasion, l'éditeur publiera en format de poche, la version définitive de son roman, "Portrait du géniteur en poète officiel".
C’est parce que Fouzia en arabe signifie « Victoire » que Salim Jay, alias Aladin, engrange une histoire de couple, avec ses aléas, dans le milieu des intermittents du spectacle. Mais comme toujours chez Salim Jay, le véritable propos est autre : les seuls héros du livre, ce sont les mots. Ce sont eux qui mènent l’auteur par le bout du nez, qui l’entraînent et orientent les péripéties du texte tantôt à hue, tantôt à dia. Alors, il arrive que le narrateur se grise d’être trompé au profit de la direction du Centre national de recherches sur les zones érogènes ou qu’une représentation de Tu ne traverseras pas le détroit (précédent livre de Salim Jay) soit programmée au Festival d’Avignon ou encore qu’un Italien désemparé soit arraché aux eaux de l’Arno par un Marocain sans droits. Mais tout cela a une importance très relative car le but du jeu est précisément de délivrer le lecteur de l’emprise de l’intrigue et de le subjuguer par le charme des mots. N’est-ce pas cela, justement, une définition possible de la littérature ?
VICTOIRE PARTAGEE, Salim Jay, La Différence, mars 2008. (13 euros)
Et dans la collection Minos :
En 1973, Salim Jay, jeune journaliste de vingt-deux ans, prend
la décision de quitter le Maroc. Ce départ brutal,
avec cinq cents francs en poche, le conduit très vite
à manquer à peu près de tout. Comme l’écrit
Michel Tournier à son propos : « J’eus
alors le spectacle d’un personnage totalement désarmé,
non viable, résolument réfractaire à toute
solution rationnelle et durable des problèmes matériels
de la vie et subsistant néanmoins par une suite de miracles
imprévisibles. »
Né d’un père marocain musulman et d’une
mère française juive d’origine roumaine, Salim
passe à Paris les six premières années de
sa vie. Il grandit ensuite à Rabat où il est élève
au lycée français.Quand la littérature a-t-elle
pris toute la place dans la vie de Salim ? « Sans
doute est-ce le jour où j’ai entendu pour la première
fois mon père réciter l’un de ses propres
poèmes que j’ai pu mesurer le plaisir que cet homme
avait à dire un texte qu’il avait composé.
J’imagine que ça a été une révélation
et, paradoxalement, une révélation d’autant
plus forte que je ne comprenais pas le sens de ce qu’il
écrivait puisqu’il ne m’avait pas enseigné
l’arabe. » Dans Portrait du géniteur en
poète officiel, publié pour la première
fois en 1985 et salué par des lettres enthousiastes de
Mohammed Dib, Henri Thomas et Jacques Serguine, Salim, entre
rires et larmes, règle la question du père : viveur
à l’alcool triste, « il chantait régulièrement
les gloires du roi. Chaque poème de circonstance était
une chanson à boire ». Le livre surprend par
sa verve et sa violence. Mais au-delà du dégoût
et de la tendresse qu’il voue à ce géniteur,
il y a un besoin éperdu du pays incarné par le
père, le Maroc, et un terrain commun : la littérature.
PORTRAIT DU GENITEUR EN POETE OFFICIEL, Salim Jay, Coll. Minos, La Différence. Mars 2008 (7 euros)